Je déteste l'impuissance, bordel.
Je ne t'ai pas vue partir, j'ai jamais voulu savoir ou croire. Après tout je devrais m'abstenir de critiquer l'aveuglement des chrétiens qui croyent encore que Dieu a fait le monde, malgré les preuves scientifiques en sa défaveur. C'est grandir qui me fait du mal, étant enfant tout peut se réaliser, quitte à ce que ce soit dans l'imaginaire, tant qu'on y croit assez fort... Grandir, c'est se heurter à la réalité, l'accepter et la gérer, et ca empoisonne les enfants trop fantaisistes, trop dépendants de ces mondes de bonheur artificiels. Ca s'appelle 'le syndrôme de peter pan', plus populairement. J'ai toujours détesté cette idée, mais après reflexion elle n'est pas fausse. J'ai toujours trouvé des solutions provisoires aux surprises de la vie. Comme si les morts étaient en vacances, de façon indéfinissable, là mais loin. Grandir, c'est se rendre compte qu'ils sont réduits en poussière, dans un cimetière surpeuplé, ou éparpillés au gré du vent. C'est encore pire. Quand on voit une poussière de cendre, on pourrait se demander : qui est-ce? Comme si les problèmes n'en étaient pas, ou alors des moindres. Je jouais à la petite pauvre abattue sous la misère, pour me dire que ma vie n'était pas si mal. Comme si ma perdition sur ces plages désertes me rendait moins vulnérable, comme si partir loin faisait de moi aussi un être mort. Dialectique enfantile, une solution à tout. Pas à toi.
Saez-Usé
Almodovar - Volver
Hugo - Les misérables

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