Petite marchande d'illusions*
Le plaisir de se jouer de tout. Enfant j'adorais jouer. Dans mon imagination sans bornes tout devenait un jeu, le moindre geste du quotidien. Je gagnais toujours. Pas par caprice, mais par volonté et patience. En grandissant j'ai décidé de m'ouvrir à la vraie vie et je me suis lancée dans un dernier jeu, un dernier pari fait à moi même. Si je gagnais celui-là, c'était décidé, je ferais confiance et je décrouvrirais d'autres joies que l'adrenaline provoquée par l'obtention de l'objectif convoité. J'ai du me battre pour cette dernière envie pas tant capricieuse qu'affective, et quand j'ai paru gagner, j'ai laissé tomber toutes les façades et j'ai eu un plaisir infini à découvrir qu'un sentiment d'amour était meilleur encore que la sensation d'adrenaline. Et puis j'ai perdu; petit à petit, je l'ai repoussé jusqu'à la dernière seconde, je me suis battue pour gagner cette dernière fois-là, j'y ai mis tout ce que je pouvais, à me battre contre les illusions, à frapper dans le vide infini de l'impuissance. Mais j'ai perdu. Depuis ce jour-là, tout est un jeu. Il en faudra beaucoup pour me convaincre de reposer mes armes. Don Quichotte des ames en fuite, je ne me bats pas tant contre des moulins à vent, mais contre tout ce qui peut faire souffrir, toutes ces flèches qui touchent en plein coeur sans merci. Petite marchande d'illusions, parce que nos rêves nous tiennent debout.
Gipsy Kings - Un Amor
